1 salarié sur 2 déjeune devant son écran, mais la loi n'a jamais imposé à l'employeur de prendre en charge son repas. Les règles qui encadrent la restauration au travail se jouent ailleurs, dans les marges du code du travail et de la négociation collective.
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Ce que dit la loi sur la prise en charge des repas par l'employeur
En France, la question des repas sur le lieu de travail ne se réduit pas à un simple geste financier. Le code du travail n'exige pas que l'employeur règle l'addition du déjeuner, mais il met la barre sur les conditions dans lesquelles les salariés prennent leur pause. À l'heure du déjeuner, chacun doit pouvoir manger dignement, sans être relégué dans un couloir ou à son bureau. Lorsqu'une entreprise compte au moins 25 salariés, elle doit installer un véritable espace de restauration. Pour les structures plus petites, une salle adaptée suffit, à condition qu'elle soit déclarée à l'inspection du travail. L'enjeu ici, c'est la santé, la sécurité, la dignité. L'obligation de financer tout ou partie du repas n'entre en jeu que dans certains cas précis : impossibilité de sortir déjeuner à cause d'horaires décalés, travail posté, astreintes, ou absence totale de restauration accessible. Parfois, conventions collectives ou accords d'entreprise élargissent le dispositif, avec des tickets-restaurant ou des indemnités dédiées. Le CSE peut aussi peser, en négociant de meilleures conditions pour tous. Entreprises, secteurs, métiers : chaque configuration a ses usages, ses marges de manœuvre, mais personne ne peut ignorer le socle imposé par la loi.
Obligations minimales : espaces de restauration, pauses et seuils d'effectif
La pause repas ne se discute pas : elle est imposée à tous les employeurs, tous secteurs confondus. Dès que la journée de travail dépasse six heures, les salariés doivent bénéficier d'au moins vingt minutes consécutives de pause. Pas question de rogner là-dessus. Cette coupure protège la santé des équipes, garantit le respect des personnes. Dès que l'entreprise franchit la barre des 25 salariés, une nouvelle règle s'impose : fournir un espace de restauration distinct du poste de travail. Cantine, salle de pause, restaurant d'entreprise, peu importe la forme, tant que les équipements permettent de conserver, réchauffer et consommer les aliments dans des conditions sanitaires correctes. En-dessous de 25 salariés, la règle se desserre, mais ne disparaît pas : une pièce convenablement équipée (point d'eau potable, tables, chaises) est obligatoire. Un coin café improvisé ne suffit jamais. Pour valider cet aménagement, la déclaration à l'inspection du travail est incontournable. Le comité social et économique garde un œil sur ces questions et, dans certains cas, peut négocier des dispositifs plus avantageux : subvention, partenariat avec un restaurant voisin, ou salle améliorée. Chaque solution cherche un équilibre entre textes, attentes des salariés et moyens de l'entreprise.
Faut-il proposer des tickets-restaurant ou indemnités repas ?
En l'absence d'accord collectif ou d'usage établi, l'employeur n'est pas tenu de remettre une indemnité repas ni des tickets-restaurant. Pourtant, dans bien des entreprises, la contribution au repas, via prime de panier, allocation forfaitaire ou tickets, est devenue la norme, surtout quand l'accès à une cantine reste impossible ou peu pratique. Les tickets-restaurant offrent une solution flexible : chacun gère sa pause à sa façon, et l'employeur prend en charge une part significative du coût, généralement entre 50 % et 60 %. Attention : l'exonération de cotisations sociales ne s'applique que dans la limite fixée par l'URSSAF (7,18 € par ticket en 2024). Toute somme au-delà sera soumise à cotisations. Autre option : l'indemnité repas ou allocation forfaitaire, souvent utilisée pour les salariés qui restent sur place ou qui partent en déplacement. Le montant varie selon la situation, sur un site, au restaurant, ou sur un chantier, et les plafonds d'exonération sont publiés chaque année par l'URSSAF. Ainsi, pour un repas pris au restaurant lors d'une mission, le plafond non imposable grimpe à 20,70 € en 2024.
Voici les options fréquemment retenues et leurs principaux atouts :
- Ticket-restaurant : simplicité de gestion et souplesse pour les salariés, à condition de respecter le plafond d'exonération.
- Indemnité ou prime de panier : idéale pour ceux qui ne peuvent quitter le site ou pour les déplacements professionnels.
Le montant ainsi que les conditions d'attribution doivent toujours s'aligner sur la convention collective. Faute de vigilance, un contrôle URSSAF peut aboutir à un redressement.
Conseils pratiques pour mettre en place une politique de restauration conforme et équitable
Première étape : dialoguer. Consulter le CSE permet d'anticiper les besoins, de mesurer la réalité du terrain et d'éviter les tensions. L'équité entre tous les salariés doit guider chaque décision, sans distinction selon le poste ou l'implantation. Le choix du dispositif, tickets-restaurant, indemnités, espaces équipés, repose sur une analyse concrète des contraintes et des habitudes de travail. Le respect strict des normes d'hygiène dans les salles de pause s'impose : propreté, eau potable, réfrigérateur, micro-ondes, rien ne doit être laissé au hasard. Pour tout recours à un prestataire de restauration ou à un traiteur lors d'événements, il est impératif de vérifier la conformité sur la chaîne du froid et la traçabilité des aliments. Chaque modalité doit être détaillée noir sur blanc dans le règlement intérieur : critères d'attribution, montants, justificatifs à fournir, modalités de contrôle. Pour garantir une transparence totale, il peut être utile de synthétiser les droits selon le poste ou le lieu de travail :
| Catégorie | Modalité | Montant 2024 |
|---|---|---|
| Déplacement professionnel | Indemnité repas | 20,70 € (plafond URSSAF) |
| Site fixe sans cantine | Ticket-restaurant | Jusqu'à 7,18 € exonérés |
La réglementation évolue, les plafonds URSSAF aussi : actualiser régulièrement ses pratiques reste le meilleur moyen d'éviter les mauvaises surprises lors d'un contrôle. Mieux vaut prévenir que constater trop tard l'écart.

